Santé 2030, la médecine à la pointe de la technoscience
Et si le système de santé de demain refusait le virage de la médecine holistique et intégrative ? S’il se concentrait uniquement sur la voie technique à la pointe de la recherche scientifique et technologique ? Le rapport Santé 2030, une analyse prospective de l’innovation en santé a été réalisé en 2020 par Leem, l’un des principaux syndicats de l’industrie pharmaceutique, et le Think tank Futuribles. Il présente ainsi le chemin que l’industrie du médicament, soutenue par les pouvoirs politiques, souhaite prendre dans les prochaines années.
La médecine 5P
Voici les pistes d’orientation annoncées de la médecine conventionnelle de demain. Une médecine :
– personnalisée qui tient compte du profil génétique, protéique et du microbiote de l’individu,
– préventive axée sur le mieux-être et qui fournit des conseils et des traitements pour prévenir la maladie,
– prédictive qui utilise l’intelligence artificielle pour des diagnostics plus précoces,
– participative pour des patients responsables de leur santé et de leurs soins,
– de la pertinence ou de la preuve qui se base sur une efficacité prouvée.
Cette médecine, comme le suggère le rapport, passe par une utilisation croissante des données numériques (Big Data) et de l’intelligence artificielle pour une société de plus en plus « sous contrôle ». Au-delà des volontés affichées, il apparaît que les 5P n’ont pas tous la même importance, la médecine préventive et participative étant très peu abordée dans le rapport.
La médecine des innovations technologiques
La recherche actuelle va dans le sens d’une analyse de plus en plus fine des biomarqueurs : substances produites par le corps dont la mesure donne une indication de la fonction d’un organe, de la présence ou non d’une maladie ou de la réponse du corps à un traitement. Ces biomarqueurs permettent d’aller vers des thérapies plus ciblées, en fonction des individus et de la réponse du corps.
- La microfluidique (science de manipulation des fluides à l’échelle micrométrique, à l’aide de nouvelles technologies) permettra, grâce à des laboratoires miniaturisés d’à peine 1 cm, d’analyser des centaines de milliers de cellules issues d’un simple prélèvement et ce, en quelques minutes. À terme, il sera possible de produire des organes humains personnalisés à l’aide d’une imprimante 3D.
- La nanomédecine est l’utilisation des nanotechnologies dans des applications innovantes. Leur champ d’application est vaste : capteurs, outils analytiques, imagerie électronique, nano aiguilles, implants et prothèses, nanomédicaments…
- La thérapie cellulaire consiste à prélever des cellules pour ensuite les mettre en culture et les greffer afin de restaurer la fonction d’un organe. La production industrielle de cellules souches à usage thérapeutique permettra de produire des médicaments commercialisables.
- L’immunothérapie est une discipline sur laquelle se portent les recherches actuelles dans la lutte contre le cancer. Elle permet de stimuler et même de modifier les cellules immunitaires afin d’arrêter le développement tumoral. Cette technique est récente, et des avancées sont nécessaires pour augmenter l’efficacité qui est, en termes de réponse au traitement, de 15 % à l’heure actuelle.
- La vaccination est également un secteur qui continue à se développer. Les laboratoires travaillent aujourd’hui sur des vaccins qui visent à stimuler le système immunitaire, notamment pour les maladies chroniques, les maladies auto-immunes ou encore les cancers.
Le jumeau numérique
Chaque individu aura bientôt un jumeau numérique qui intégrera toutes les données biologiques collectées de la personne. Grâce à la biosimulation, il sera possible de tester virtuellement, sur ce jumeau, un traitement ou une intervention chirurgicale afin de voir les réactions de l’organisme et donc d’adapter le traitement en fonction des résultats.
Vers la modification du génome
La recherche scientifique progresse très vite dans le domaine des thérapies géniques. Il est désormais possible de modifier le génome humain à l’aide des technologies TALEN, ZFN et CRISPR-Cas9 qui permettent d’inactiver, de supprimer ou d’ajouter un gène. L’analyse du génome et de ses défaillances devient de moins en moins chère et de plus en plus rapide à réaliser. Ce type d’analyse sera donc de plus en plus accessible dans le futur, et des thérapies géniques personnalisées pourront devenir un outil thérapeutique répandu. La médecine prédictive pourra par exemple se baser sur l’analyse de notre génome pour indiquer le pourcentage de chances de développer une pathologie et permettra de proposer des mesures préventives ou curatives en amont.
Le médicament connecté
Le médicament connecté est la fusion entre la substance médicamenteuse, ce qui permet de l’injecter et la mesure des résultats par une analyse. Concrètement, il s’agit d’un appareil porté sur soi, qui permettra d’injecter un produit de manière personnalisée et de réaliser des mesures en temps réel. Autre exemple ayant déjà reçu l’autorisation de mise sur le marché aux États-Unis en 2017, mais qui n’est pas encore commercialisé : une gélule contenant une micropuce qui s’active quand celle-ci arrive dans l’estomac et envoie des données à un patch collé sur le ventre du patient. Ce patch analyse les données et fournit la date et la quantité de la prochaine prise du médicament. Ici encore, c’est l’intelligence artificielle via des algorithmes qui permettra cette individualisation.
Une médecine optimisée et centralisée
Hôpitaux privés et spécialisés, plateaux techniques, haute technologie, télémédecine et hospitalisation à domicile sont amenés à se développer de manière conséquente. Certains hôpitaux se transformeront en « hospitels » sur le modèle scandinave d’hôtels hospitaliers avec une surveillance adaptée. L’idée étant de réduire les coûts hospitaliers pour les concentrer sur les actes spécialisés nécessitant des hautes technologies. Seulement deux ou trois gros hôpitaux par région seraient conservés. Les autres seraient ainsi transformés en maisons de soin, bien moins équipées.
Une vision transhumaniste
Le transhumanisme vise l’amélioration des capacités physiques et cognitives de l’être humain par le biais d’implants technologiques. Bien évidemment, la limite entre réparation d’un organe et augmentation des capacités est fine. Lorsque l’industrie se saisira de ces procédés pour les proposer comme des objets de consommation, nous assisterons alors à un virage dans l’évolution de l’humanité. Aujourd’hui, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) concentrent tous leurs investissements dans les nouvelles technologies du transhumanisme. Il est ainsi possible d’imaginer que les puces implantées pourront, à l’avenir, en plus de contenir tout votre dossier médical, enregistrer en temps réel les constantes biologiques (rythme cardiaque, glycémie, tension…) de chacun.
Quelle médecine voulons-nous pour demain ?
Tout le monde est pour le progrès de la médecine. Mais quelle forme doit-il prendre, quelle place laisser à la technologie et à l’intelligence artificielle, jusqu’où aller dans la modification de ce qui fait de nous des humains et non des machines biologiques ? Vers quoi diriger les budgets de recherche ? Devons-nous uniquement nous concentrer sur la réparation en ignorant la prévention et les facteurs épigénétiques ?
Il est clair que la médecine conventionnelle associée aux biotechnologies constitue une avancée majeure. Mais cela ne veut pas dire pour autant que tout est à prendre. Nous devons pouvoir choisir le meilleur de toutes les médecines, en misant d’abord sur la prévention et les approches naturelles et en y ajoutant, seulement quand cela est nécessaire, les prouesses des technologies médicales, dans le seul but d’améliorer la santé loin de tout dogmatisme et de tout intérêt financier.
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